Mot d'accueil de
Claude Rochet
Au nom des membres de Peintres en Champagne, je tiens à remercier la
municipalité châlonnaise pour le soutien constant qu’elle apporte à
notre association et pour son accueil dans cette galerie Clémangis que
nous affectionnons particulièrement. Merci également au public venu
nombreux saluer cette exposition présentant les œuvres picturales de Gérard
Redoulès et marquant le terme de notre calendrier 2008.
A ce sujet, vous pouvez déjà retenir les temps forts de l’année 2009 :
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Du
21 mars au 5 avril,
galerie Clémangis, seront exposés les artistes de Peintres en
Champagne. C’est presque devenu une tradition d’exposer tous les 10
ans, comme en 1989 et en 1999, les œuvres des « planteurs de clous »
de l’association
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Les
18 et 19 avril, nous installerons une exposition dans la salle des fêtes
de Villevenard, commune avec laquelle Peintres en Champagne nourrit des
liens amicaux particuliers.
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Du
16 au 31 mai, galerie Clémangis, à l’occasion des 40 ans de l’Académie
de Port Royal, une exposition présentera les œuvres des professeurs et
d’un groupe d’élèves de cette école d’art parisienne.
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Du
7 au 22 novembre, nous aurons le grand plaisir de présenter, en ce lieu,
les œuvres récentes du peintre Bernardino Toppi, créateur de la fresque
moderne.
Comme d’habitude, vous
pourrez trouver toutes les informations utiles sur le site de
l’association : http://www.peintresenchampagne.fr/
Né à Paris, diplômé de l’Ecole Supérieure
des Arts Appliqués de Paris, Gérard Redoulès s’est investi dans le
travail de la laque comme technique de peinture; il œuvre tout
d’abord dans les arts décoratifs avec la création et la réalisation
de mobilier ; mais, dès 1990, il met sa technique au service d’une
démarche picturale devenue langage à part entière ; l’artisan a
laissé place à l’artiste.
Vous trouverez au 1er étage, quelques œuvres de la période
de transition.
Notre invité maîtrise parfaitement la
technique de laque sur bois et son parcours artistique est émaillé
(c’est le cas de le dire) de nombreuses expositions personnelles et
collectives en France et à l’étranger.
Par cet art qu’il qualifie d’ « inhabituel et mystérieux
dans sa réalisation», Gérard Redoulès crée les nuances et les
couleurs, non par mélange mais par une patiente et délicate
superposition de vernis qu’il ponce à chaque étape, jouant sur les
perspectives et les formes que le hasard fait émerger.
Cela rappelle les observations que Léonard de Vinci conseillait à ses élèves,
afin non seulement qu’ils s'inspirent des lézardes des vieux murs, mais
aussi des formes changeantes des nuages, ce qu’évoque Baudelaire dans
« les fleurs du mal »:
« Les plus riches cités, les plus grand paysages,
Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages. »
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Les vieux murs et les nuées ne sont pas le
seul théâtre à inspirer les artistes. L'alchimie des mélanges et la
contemplation des taches de peinture ou d'encres offrent leur lot de
merveilles.
Certaines créations évoquent parfois le
cuir, l’épaisseur d’une peau, une terre ou un glacier; presque une œuvre
géologique, par ces surfaces glacées, ces coupes laissant
entrevoir les flancs des profondeurs sous-terraines, comme autant
d’archives dans lesquelles notre passé s’est stratifié, comme autant
d’empreintes des incursions au scalpel de l’artiste dans une recherche
poétique, esthétique ou ludique du tissu intime et insaisissable de
l’univers.
Des paysages presque pointillistes, mais
aussi les rencontres d’une nature contrastée où se côtoient des clartés
duveteuses et la sombre rugosité de la roche, le bouillonnement de l’écume
des vagues se jetant sur les rochers de la côte sauvage, ou l’écrin
ouaté des sommets couverts de neige (du moins celle que le redoux
laisse… pardon Gérard), où, à l’opacité, aux reliefs tourmentés,
aux forces telluriques, s’oppose la texture souple et permissive des
brumes enveloppantes, des vapeurs filles de l’eau et du feu, des
transparences, du vent, du souffle, évocation de la pensée …
Dualisme de la matière et de l’esprit,
ou monisme ?
Le souffle, c’est peut-être ça, passer
d’artisan à artiste, passer de la matière à l’esprit?
Les œuvres de Gérard Redoulès peuvent
rappeler Turner mais plus particulièrement Zao Wou-Ki. Le contraste
accentué par la quasi-absence, dans cette exposition,
de couleurs, évoque également le travail de Pierre Soulages
duquel d’ailleurs notre invité se réclame pour décrire son
inspiration, en rappelant ce propos : « c’est ce que je trouve qui me
dit ce que je cherche. »
Gérard,
tu as choisi la laque comme technique de peinture afin « d’enfermer
des couleurs ou des matières pour les faire réapparaître sous
d’autres formes inattendues », t’en remettant au hasard, à la manière
qu’évoque Jean Cocteau dans Opéra :
…J’ai donné le contour à des charmes informes ;
…J’ai fait voir, en versant mon encre bleue en eux,
Des fantômes soudain devenus arbres bleus.
Dire que l’entreprise est simple ou sans danger
Serait fou. Déranger les anges !
Gérard, que les anges continuent de
t’inspirer ; nous te souhaitons tout le succès que ton talent mérite.
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