Du 7 au 21 NOVEMBRE 2010 Galerie Clémangis CHALONS EN CHAMPAGNE |
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Exposition des oeuvres de Alain BONNEFOIT |
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Qualifié de « Peintre des
Vénus » par Hervé Bazin, alchimiste des courbes et de la lumière, ce peintre et sculpteur, né à Montmartre, s’est forgé une renommée mondiale en dédiant sa sensibilité et son talent au portrait de nu féminin, pour lequel il est devenu une référence incontournable. |
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Sumies |
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Vernissage de l'exposition en présence de Monsieur Serge Helleringer, Conseiller délégué, représentant Monsieur Bruno Bourg-Broc, Maire de Châlons en Champagne, du peintre invité Alain Bonnefoit, de Patricia Tocut-Bigaré, Présidente de Peintres en Champagne et de Claude Rochet, ex président de l'association. |
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Allocution de Claude Rochet
Mr Helleringer, conseiller délégué, représentant la
Municipalité châlonnaise , Mesdames, Messieurs, chers amis Il nous a semblé opportun que j’accueille le dernier invité de la programmation 2010, et je le fais avec un grand plaisir, puisqu’il s’agit d’Alain Bonnefoit, peintre ô combien célèbre de la femme ; et puis c’est une manière très symbolique et légitime de saluer et installer officiellement dans ses fonctions une femme, Patricia Tocut-Bigaré, nouvelle présidente de Peintres en Champagne. En 1982, le critique d’art Bernard Leroux s’exprimait ainsi, en préfaçant la plaquette de l’exposition « Art au féminin » organisée par Peintres en Champagne : « L’émancipation féminine est un fait marquant de notre époque. La femme revendique et conquiert l’égalité avec l’homme. Il convenait de se demander si elle l’avait obtenue dans le domaine de l’Art. Cette exposition, concluait-il, constitue une réponse éblouissante. » Chère présidente, nous sommes heureux de cette ultime étape! La femme est décidément à l’honneur ce soir, on ne s’en plaindra pas, avec le vernissage de cette très belle exposition. Alain Bonnefoit est né à Montmartre, haut lieu viticole francilien, dont le nom peut signifier Mont de Mars (tiens tiens, déjà un mont ! de Mars à Vénus il y a quand même le pas de la guerre à l’amour !) Alain Bonnefoit est né, disais-je, le 18 mai 1937, 3 mois après l’annonce, par la firme Dupont de Nemours, de la découverte du nylon qui allait rapidement gainer les jambes de nos mères ou grand-mères leur faisant faire un pas de géant dans l’érotisme universel! un petit bas pour la femme, un grand pas pour l'homme.... Après l’Ecole des Arts Appliqués puis celle des Beaux Arts de Paris, l’étude de la gravure et de la sculpture à Bruxelles, il devient l’élève du sculpteur Volti dans l’atelier parisien duquel il découvre le nu féminin; dans la plaquette de l’exposition par Art Vivant des sculptures d’Antoniucci Volti à l’Hôtel de Ville de Châlons (sur Marne à l’époque) en 1966, le journaliste Pierre Descargues écrivait : « Volti est en quelque sorte un architecte de la sensualité, un architecte des formes féminines ». Cette définition s’applique parfaitement à notre invité ! Plus qu’une célébration de la beauté, les œuvres d’Alain Bonnefoit constituent un hymne à la femme qu’il magnifie, un hymne plus généralement à la vie, en même temps qu’un acte poétique à la recherche de l’harmonie idéale, pour cet épicurien que Pierre Perret décrit comme « un amoureux du beau, attiré par le sublime, un amoureux de la vie tout simplement ». Cet amoureux de la vie et de ses plaisirs mène une carrière internationale ; très présent aux Etats-Unis, au Japon et en Corée, il se partage entre ses deux ateliers de Paris et de Toscane, cette Toscane qu’il découvre en 1963 lorsqu’il peignait des paysages, cette Toscane au passé artistique prodigieux, lieu de passage incontournable dont la richesse culturelle n’a d’égale que la douceur et la sensualité de ses paysages, de ses collines aux rondeurs féminines. Terre d’art, de culture, mais aussi de bon vin et de bonne table dont notre hôte est, semble-t-il, également amateur ! Ainsi la sensualité des paysages toscans des premières toiles en 1963, a laissé place, sur les cimaises, à celle du nu féminin auquel il se consacre, riche de l’enseignement de la sculpture auprès de Volti, d’une rare maîtrise du jeu de la lumière et de l’ombre, des équilibres, de la sensualité ; riche de cette expérience du travail en 3 dimensions, offrant une infinité de contours lorsqu’on se déplace autour du modèle ou de l’œuvre sculptée, allant du figuratif à l’abstrait, offrant de multiples jeux de formes possibles à peindre ou tracer sur la toile ou le papier ; à ce propos, 1975 est une étape importante lorsqu’il découvre, au Japon, la technique du Sumie, art et philosophie dont il est passé maître. |
Cette démarche artistique et spirituelle, intégrant la dualité du Yin Yang, consiste en une méditation avant le dessin monochrome sur papier, créant contraste et harmonie entre les vides du blanc d’une part et la vie et le geste du tracé à l'encre de Chine d’autre part; cela nécessite à la fois maîtrise de soi et spontanéité, deux états apparemment antinomiques. Outre la peinture à l’huile et la pratique du Sumie, Alain Bonnefoit a encore d’autres cordes à son arc (de Cupidon, entre autres) ; il s’adonne à la technique mixte en oeuvrant sur d’autres supports que la toile, il réalise également lui-même ses lithographies, dessinant sur la pierre ou le zinc. Enfin il continue de pratiquer la sculpture sur bois ou marbre. Une phrase de Pierre Perret continuant de décrire notre invité, avec sa faconde habituelle, a retenu particulièrement mon attention, car je pense qu’elle résume bien le personnage et sa démarche : « Sous la pointe priapique et légère de son pinceau, naissent des ravines vertigineuses au fond desquelles nos baisers s'engloutiront. Nos fantasmes rejoindront ceux de Dionysos. C'est lui qui vendange les grains de muscat noir posés au bout des seins des gitanes de Lorca ou des vestales du "jardin parfumé …". Il y a, dans cet hommage, toutes les dualités qui ne cessent d’affleurer dans l’œuvre et dans le résumé de cet impressionnant parcours :
Bien sûr la rigueur priapique mais la légèreté du geste et de
l’âme, mais aussi cette allusion de Perret au bon vivant dieu grec de la vigne, de l’art, de la poésie et du théâtre, Dionysos, fils de Sémélé et de Zeus, étymologiquement « deux fois né » comme la vigne en gestation dans la terre mais dont la croissance s’achève à la lumière solaire. Alain Bonnefoit marque très bien cette alliance nécessaire à la réalisation artistique, cette complémentarité d’une part de l’exaltation créatrice et épicurienne, cet élan de gourmandise dionysiaque rappelant que « enthousiasme » évoque l’inspiration par les dieux et d’autre part l’intelligence sensible, organisant les pulsions, dans l’équilibre et l’harmonie, placée sous le signe d’Apollon, personnification du soleil, autre protecteur des arts et lettres. Si l’humoriste châlonnais Pierre Dac avançait qu’« Il n'y a rien de plus difficile à consoler qu'un paysage désolé », ceux d’Alain Bonnefoit et les créatures qui les peuplent sont à l’opposé de la désolation et infiniment agréables à embrasser du regard, en méditant ce proverbe alsacien : « Plus la montagne est haute, plus la vallée est profonde » ou, en d’autres circonstances, cet extrait du Capital de Karl Marx dont je ne suis pas sûr qu’il soit vraiment dans son contexte : « Sur terrain plat, de simples buttes font effet de collines ». Avant de laisser notre présidente faire procéder à la célébration dionysiaque d’usage, j’attire l’attention sur la parution récente du livre « Bonnefoit, dessins érotiques » dont les œuvres graphiques sont accompagnées de très beaux poèmes de Michel Bénard, Lauréat de l’Académie Française. Certains exemplaires sont disponibles sur place, ainsi que l’ouvrage « Alain Bonnefoit à fleur de peau » Alain, merci pour cette exposition à laquelle je souhaite le plus vif succès, merci à tous de votre présence et bon vernissage .
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